IL Y A CENT ANS, LES PREMIÈRES CARTES POSTALES DE CARRIÈRES

Les inondations de 1910

(Article paru dans l'AMICAL n°179 - Noël 2009)

   

    Il y a cent ans, en cette fête de Noël 1909, les Carriérois ne se doutent probablement pas qu'ils sont à la veille d'une des plus fortes crues que la Seine ait connues. Certes, les inondations sont un phénomène courant à cette époque: les retenues en amont de Paris n'existent pas encore, et les vieux ponts de pierre, avec leurs multiples arches constituent de véritables barrages qui ralentissent l'écoulement des eaux.

   La fin de l'année 1909 connaît d'abondantes chutes de neige et de pluie sur l'ensemble du bassin de la Seine. Le sol est gorgé d'eau, et très rapidement, durant la deuxième quinzaine de janvier, la situation devient critique: l'Yonne, le Loing et le Grand-Morin entrent en crue, puis la Haute-Seine et la Marne. La capitale est inondée, le maximum de la crue sera enregistré le 28 janvier à Paris.

   Toutes ces eaux, auxquelles il faut ajouter celles de l'Oise, doivent bien sûr passer à Carrières. Les maisons du boulevard Pelletier et de certains quartiers des Grésillons ont les pieds dans l'eau. Les écluses ne fonctionnent plus: la navigation a cessé, car de toute façon les bateaux ne peuvent plus passer sous les ponts. Sans être totalement interrompues, les liaisons entre Carrières et Poissy sont difficiles: la circulation de tout véhicule est interdite sur le pont qui risque d'être emporté (selon des témoins, la différence du niveau d'eau entre l'amont et l'aval du pont est de 80 centimètres !); les piétons continuent cependant à passer et l'eau ne recouvre la chaussée que durant une nuit (en bas de la côte St-Blaise, au croisement de l'actuelle D 190). Le maximum de la crue est enregistré le 31 janvier aux écluses.

   Ceux qui veulent avoir une idée de la hauteur d'eau atteinte à Carrières peuvent aller observer des plaques témoins: l'une se trouve sur le mur d'une maison du boulevard Pelletier, pas très loin de la Porte du Roi, l'autre se trouve sur la maison des éclusiers. On peut également trouver des plaques de niveaux à Poissy, notamment sous la première arche de l'ancien pont.

   La photo de cette carte postale a été prise depuis les écluses, on y voit en arrière-plan le château de Champfleury, et le courrier est signé de la Comtesse de Ronseray qui habite encore le château à cette époque.

 
Philippe HONORÉ (avec la collaboration de Joseph HONORÉ)

(Cliquer pour agrandir)
Le château de Champfleury
en janvier 1910
(CPA collection Ph. HONORE)
Le château de Champfleury
en décembre 2009

(enfin... juste le haut des toits !)
Photo Ph. HONORE