IL Y A CENT ANS, LES PREMIÈRES CARTES POSTALES DE CARRIÈRES

Carte d'une Carriéroise à un soldat, en juin 1917
(Article paru dans l'AMICAL n°201 - Pâques 2017)

Cette carte, écrite à Carrières il y a bientôt un siècle, le vendredi 8 juin 1917 très exactement, représente un remorqueur à l'entrée des écluses, mais elle est surtout intéressante par son contenu.

La guerre dure maintenant depuis bientôt trois ans. De nombreux Carriérois sont mobilisés, plus de 30 jeunes sont morts durant les combats, certains sont prisonniers, d'autres sont portés disparus. Une Carriéroise envoie cette carte à un ami, probablement un membre de sa famille, lui aussi soldat.

"Mon petit Jean,

Tonton Auguste ici en perm nous dit que tu n'avais pas été à St-Brieuc. Alors qu'as-tu fait pendant tes vacances à te barber à Laval ? Fallait donc venir à Carrières ! Henriette t'aurait donné de la couture pour te désennuyer le dimanche et Maurice t'aurait rasé le lundi ! S'il y avait la question finances, fallait donc le dire, tu sais bien qu'avec moi il ne faut pas te gêner, tu me connais un peu, je ne suis pas trop terrible, voyons ! Enfin, c'est partie remise.

Nous avons eu Marcel en perm de 7 jours dernièrement. Il est reparti le 18 mai. Maintenant il est en Champagne par Mourmelon, dit-il… Alors ce doit être aux environs de Auberive et il en voit des durs de cela… Mais ça ne fait rien, il dit qu'il est content de voir quelque chose et qu'il fait du massacre de boches avec plaisir !

Nous t'embrassons !

Tante Marie "

 Ces quelques lignes, certes anodines, nous montrent bien que toutes les pensées des Français, toutes les conversations, toutes les correspondances, tournent autour de la guerre… Si on donne des nouvelles du village, de la famille, il est surtout question des permissions dont bénéficient les soldats depuis juin 1915. Les dernières lignes peuvent aujourd'hui nous choquer… Il faut bien sûr les remettre dans le contexte de l'époque où il fallait faire preuve de patriotisme et encourager nos poilus… Les Allemands étaient considérés comme des barbares, qui s'étaient déjà emparés de l'Alsace et de la Lorraine en 1870, qui foulaient le sol sacré de la Patrie, et qu'il fallait chasser de notre pays par tous les moyens… Faire "du massacre de boches avec plaisir" ne choquait donc personne en 1917, les termes, et bien d'autres parfois plus terribles, étaient d'ailleurs continuellement repris dans la presse de l'époque.

Philippe HONORÉ


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Lire l'AMICALn°201, journal de la paroisse de Carrières-sous-Poissy  

© CSPH - Carrières-sous-Poissy HISTOIRE - 2017


  
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