Cette carte, écrite à Carrières il y a bientôt un siècle, le vendredi 8
juin 1917 très exactement, représente un remorqueur à l'entrée des écluses, mais
elle est surtout intéressante par son contenu.
La guerre dure maintenant depuis bientôt trois ans. De nombreux
Carriérois sont mobilisés, plus de 30 jeunes sont morts durant les combats, certains
sont prisonniers, d'autres sont portés disparus. Une Carriéroise envoie cette
carte à un ami, probablement un membre de sa famille, lui aussi soldat.
"Mon petit Jean,
Tonton Auguste ici en perm nous dit que tu n'avais pas été à St-Brieuc.
Alors qu'as-tu fait pendant tes vacances à te barber à Laval ? Fallait donc
venir à Carrières ! Henriette t'aurait donné de la couture pour te désennuyer
le dimanche et Maurice t'aurait rasé le lundi ! S'il y avait la question
finances, fallait donc le dire, tu sais bien qu'avec moi il ne faut pas te
gêner, tu me connais un peu, je ne suis pas trop terrible, voyons ! Enfin,
c'est partie remise.
Nous avons eu Marcel en perm de 7 jours dernièrement. Il est reparti le
18 mai. Maintenant il est en Champagne par Mourmelon, dit-il… Alors ce doit
être aux environs de Auberive et il en voit des durs de cela… Mais ça ne fait
rien, il dit qu'il est content de voir quelque chose et qu'il fait du massacre
de boches avec plaisir !
Nous t'embrassons !
Tante Marie "
Philippe
HONORÉ