LA LIBÉRATION DE CARRIÈRES-SOUS-POISSY - AOÛT 1944

Depuis le 6 juin, la libération de la France a commencé, avec le débarquement des forces alliées sur les plages de Normandie. Le débarquement a été précédé de bombardements massifs afin de perturber au maximum le déplacement des troupes allemandes. Tous les ponts sur la Seine, entre Paris et l'embouchure, sont ainsi détruits. Le pont entre Carrières-sous-Poissy et Poissy n'y échappe pas : le 26 mai 1944, 69 bombardiers de la R.A.F. lâchent environ 134 bombes sur le vieux pont, déjà sérieusement endommagé en juin 1940. Tout est réglé en un quart d'heure. Les destructions sont importantes des deux côtés du fleuve : à Poissy, dans l'usine à gaz, trois gazomètres sur quatre sont détruits, l'asile Saint-Louis occupé par des soldats allemands est détruit, de nombreuses maisons sont endommagées; à Carrières, les habitations du quartier de la Reine-Blanche sont également endommagées. On dénombre de nombreux morts parmi les soldats allemands mais aussi dans la population civile, 7 morts et 46 blessés, et parmi elle, une jeune Carriéroise : Joséphine GAZZINI.

Antoine EVRARD raconte le quotidien des Carriérois durant cette période tragique: "À 17h45, bombardement, sans alerte, du pont de Poissy qui a été détruit aux 3/4. Louise *, qui était partie prendre le train de 18h, a été prise par le bombardement du pont à la Reine-Blanche. Les bombes sont tombées autour d'elle, et elle n'a reçu que de la terre, de la boue et de l'eau, mais elle a eu très peur. C'est un miracle qu'elle en soit revenue, là où elle était placée au moment du bombardement... Elle a ainsi été drôle pendant plusieurs jours...
Le pont étant coupé, l'eau potable aussi... Sommes obligés de tirer de l'eau au puits, chez le père Jules [Jules EVRARD, père d'Antoine EVRARD]. "
* Louise : il s'agit de Louise MÉNIER, femme d'André MARY qui était prisonnier en Allemagne). Selon le témoignage de Michelle HONORÉ, elle était déjà engagée sur le pont quand celui-ci a été bombardé, heureusement elle se trouvait sur la partie du pont, côté Reine-Blanche, qui a été épargnée. On a même retrouvé un éclat de bombe dans son cabas.



Le pont de Poissy après le bombardement du 26 mai 1944 - Photos Antoine EVRARD

Dans les jours qui suivent, et jusqu'à la libération, les bombardements se poursuivent, comme en témoigne Antoine EVRARD :
- samedi 27 mai : bombardement de la gare de Sartrouville. 100 morts et de nombreux blessés, dont un Carriérois : M. Gardien. Bombardement du pont de la Morue à Bezons, de Le Mesnil-le-Roi, chute d'avion en forêt de Saint-Germain.
- dimanche 28 mai : bombardements des ponts de Conflans à 10h15. Alerte pendant la messe de 10h30 qui est interrompue 3 fois. Alertes à 16h, 17h40, alerte à 19h30, bombardements en direction d'Argenteuil et Conflans.
- Lundi 29 mai : alerte de 12h à 12h30, bombardement en direction de Conflans, un avion touché par la D.C.A. tombe et explose entre Andrésy et Chanteloup près du chemin de fer.
- Mardi 30 mai : alerte à 10h, gros passage d'avions; à 12h bombardement du pont de Meulan; à 16h bombardement du pont de Conflans; 2 bombes tombent à Aigremont; bombardement du pont de Mantes.



Le pont de Meulan après sa destruction - Photo Antoine EVRARD

- Mercredi 31 mai : alerte à 11h, passage d'avions.
- Jeudi 1er juin : alertes à 1h30 et 2h45. Bombardement des gares de Trappes et Versailles.
- Vendredi 2 juin : alertes à 11h30 et 12h30. Bombardement de Mantes, Achères, Juvisy etc.
- Samedi 3 juin : alerte de 0h15 à 1h45. Trois alertes de 11h à 15h, passages d'avions, D.C.A., bombardement des ponts de Conflans. Alerte de 19h30 à 20h30, bombardements en direction de Mantes.
- Dimanche 4 juin : passages d'avions de 1h à 2h; alerte de 12h à 12h30, alerte à 13h, bombardement des ponts de Conflans; trois alertes de 18h à 19h30, bombardements direction Saint-Germain.



Les ponts d'Andrésy-Conflans après leur destruction - Photos Antoine EVRARD

- Lundi 5 juin : alerte de 11h35 à 12h15, bombardement direction Conflans; alerte de 20h30 à 21h15, passage d'avions, D.C.A., bombardements dans les environs.
- Mardi 6 juin : 7 alertes dans la nuit et la journée, passages d'avions, bombardements au loin et à la gare de Verneuil, D.C.A. Nous apprenons par T.S.F. le débarquement des Anglo-Américains en Normandie.
- Mercredi 7 juin : alerte de 2h15 à 3h ; gros passage d'avions; lueur verte, jaune et rouge en direction d'Achères. Plusieurs alertes dans la journée. Bombardement de la gare de Verneuil, d'Achères, et en direction de Pontoise, Conflans, route de Quarante Sous, route de Rouen.
- Jeudi 8 juin : alerte de 1h à 3 h. Gros passage d'avions et bombardement de la gare d'Achères; des bombes à retardement explosent toute la journée. Plusieurs autres alertes sans importance.
- Vendredi 9 juin : journée tout à fait calme, sans alerte, chose extraordinaire !
- Samedi 10 juin : alerte de 0h à 1h ; passage d'avions, D.C.A. 3 ou 4 alertes dans la journée avec passage d'avions.
- Dimanche 11 juin : alerte de 0h15 à 1h45. Gros passage d'avions, D.C.A., bombardement de la gare d'Achères et en direction de Versailles-Trappes. Plusieurs bombes tombent sur une maison près de la Reine-Blanche. Alerte de 8h à 13h. Passage de 200 avions environ. D.C.A., bombes dans tous les environs. Après-midi calme.



Le quartier de la Reine-Blanche après le bombardement du pont. Photo Antoine EVRARD


- Lundi 12 juin : alerte de 0h05 à 1h15. Alerte à 3h30 et 3 ou 4 alertes dans la journée, batailles d'avions, mitrailleuse, D.C.A., bombardement du pont de Conflans : nous voyons les gerbes d'eau monter en l'air, étant au dépôt d'essence.
- Mardi 13 juin : alerte de 0h30 à 1h. 3 ou 4 alertes dans la journée, sans gravité pour nous.
- Mercredi 14 juin : alerte de 7h30 à 10h40, passage d'avions et bataille aérienne au-dessus de Triel. Plusieurs avions tombent en flammes à Triel, Verneuil, Vernouillet et l'Hautil.
- Jeudi 15 juin : deux ou trois alertes dans la jourée, sans gravité pour nous. Passage d'avions, pas de D.C.A.
- Vendredi 16 juin : une alerte l'après-midi, journée calme.
- Samedi 17 juin : 2 alertes dans la journée, sans gravité pour nous. Journée calme.
- Dimanche 18 juin : pas d'alerte.
- Lundi 19 juin : pas d'alerte.
- Mardi 20 juin : alerte de 21h45 à 22h30.
- Mercredi 21 juin : 2 alertes avec passage de quelques avions.
- Jeudi 22 juin : plusieurs alertes dans la journée, dont une de 18h30 à 20h. Passage de 3 à 400 avions qui bombardent plusieurs localités en direction de Versailles, Mantes, Paris, Gennevilliers et allument un grand incendie.
- Vendredi 23 juin : alerte de 0h45 à 1h30 et deux ou trois autres dans la journée.
- Samedi 24 juin : 5 ou 6 alertes. Bombardement de Versailles, plus de 200 morts, et en direction de Sartrouville ??
- Dimanche 25 juin : plusieurs alertes, passages d'avions le soir à 19h30. D.C.A., plusieurs avions abattus, bombardements direction Saint-Germain, Versailles.
- Mardi 27 juin : 2 ou 3 alertes.
- Mercredi 28 juin : alerte à 3h ; passage d'avions.
- Jeudi 29 juin : voyage à Poissy pour faire des commissions; nous passons la Seine face Fageardie [près de écluses] avec le bateau du P. Laurent. [Rappelons que le pont a été détruit.]
- Vendredi 30 juin : 3 alertes dans la journée.
- Samedi 1er juillet : alerte à 0h45.
- Dimanche 2 juillet : 2 alertes, passage d'avion, D.C.A.
- Mardi 4 juillet : 2 ou 3 alertes, quelques avions, D.C.A.
- Mercredi 5 juillet : alerte de 1h15 à 2h15, passage d'avions, D.C.A., 2 ou 3 alertes dans la journée.
- Jeudi 6 juillet : 5 ou 6 alertes depuis 6h du matin. Passage d'avions, D.C.A., mitrailleuses, chutes de bombes dans les environs.
- Samedi 8 juillet : 6 alertes.
- Dimanche 9 juillet : 2 alertes.
- Lundi 10 juillet : alerte à 6 heures du matin. Gros bombardement direction nord-ouest (Magny-en-Vexin). La terre et les maisons tremblent 10 minutes.
- Mercredi 12 juillet : 3 alertes.
- Vendredi 14 juillet : 2 alertes.
- Samedi 15 juillet : alerte de 1h30 à 2h45, passage d'avions, D.C.A., 4 alertes dans la journée.
- Dimanche 16 juillet : Alerte à 1h30, bombardement direction Magny-en-Vexin (Nucourt). 3 alertes dans la journée.
    [À Nucourt se trouvait une base souterraine de bombes V1]
- Lundi 17 juillet : 5 alertes.
- Mardi 18 juillet : 5 ou 6 alertes, bombardement du pont de Conflans qui venait d'être refait.
- Mercredi 19 juillet : journée calme, 2 ou 3 alertes.





Les carrières souterraines qui ont permis, durant toute la guerre, aux Carriérois de se réfugier pour se protéger des bombardements. Elles sont pour la plupart situées dans la rue Carnot, mais avec parfois des entrées dans la Grande Rue. Photos Ph. HONORÉ

- Jeudi 20 juillet : 2 alertes.
- Samedi 22 juillet : une alerte.
- Lundi 24 juillet : 5 alertes.
- Mardi 25 juillet : 5 ou 6 alertes, dont une à 1h du matin et une à 7h45 avec gros passage d'avions (90), D.C.A., bombardements direction Saint-Cyr. Un avion touché par la D.C.A. s'enflamme et tombe en direction des Mureaux.
- Mercredi 26 juillet : 3 ou 4 alertes. Un avion est abattu et tombe en flammes direction des Alluets.
- Jeudi 27 juillet : 3 ou 4 alertes.
- Dimanche 30 juillet : 3 ou 4 alertes, passages d'avions, D.C.A.
- Lundi 31 juillet : 3 alertes.
- Mardi 1er août : 4 ou 5 alertes.
- Jeudi 3 août : 6 alertes, gros passages d'avions à 14h (180),
D.C.A., bombardements région de l'Isle-Adam.
- Vendredi 4 août : 2 alertes, passages d'avions, D.C.A.
- Samedi 5 août : 2 ou 3 alertes, passages d'avions, D.C.A., à 12h.
- Dimanche 6 août : 2 alertes.
- Lundi 7 août : 2 alertes, passages d'avions, D.C.A., mitraillage route de Quarante Sous.
- Mardi 8 août : 3 alertes.
- Mercredi 9 août : 2 alertes, passages d'avions, D.C.A., un avion tombe en flammes vers Cormeilles-en-Parisis. Bombardement du pont de Pontoise (loupé).
- Vendredi 11 août : 2 alertes.
- Samedi 12 août : 2 ou 3 alertes, bombardement direction Feucherolles.
- Dimanche 13 août : bombardement route de Quarante-Sous de Saint-Germain à Mantes. 2 ou 3 alertes.
- Lundi 14 août : à 20h bombardements direction Pontoise.
- Mardi 15 août : 2 ou 3 alertes.
- Mercredi 16 août : pas d'alerte.
- Jeudi 17 août : pas d'alerte. Nous apprenons la présence d'Américains à Rambouillet ?? Une partie du barrage d'Andrésy saute dans la nuit.
- Vendredi 18 août : 2 alertes. Bombardement de la route de Quarante Sous à Chambourcy, Saint-Germain, bombardement des ponts de Conflans, plusieurs incendies observés direction Versailles, Paris. À 19h30, 4 bombes tombent à Poissy et tuent 10 personnes, surtout des enfants jouant place de la République.
- Samedi 19 août : des avions (30 environ) mitraillent les routes et un peu tous les environs. Les Allemands prennent des bicyclettes pour partir plus vite. Toute la soirée, des détonations en direction de la gare d'Achères, des wagons de munitions sautent, ainsi que des ponts.
- Dimanche 20 août : orage et pluie dans la nuit, ainsi que le canon et explosions que nous avons entendues toute la nuit. 3 alertes, à 16h bataille aérienne, 4 ou 5 avions abattus, un tombe dans la Seine à Denouval. Il n'y a presque plus de D.C.A. dans les environs.
- Lundi 21 août : pas d'alerte ni d'avions mais nous entendons le canon et la mitrailleuse toute la journée par intermittence direction Triel. Émile MEERPOEL est arrêté à Poissy par les Allemands pour port d'armes.
- Mardi 22 août : 2 alertes, canonnade par intermittence dans la direction de Meulan et le sud de Paris.
- Mercredi 23 août : 5 alertes, passages d'avions, D.C.A. sur Paris. Forte canonnade toute la journée directions Mantes, Versailles, sud de Paris.
- Jeudi 24 août :  Maurice [fils d'Antoine EVRARD] est requis par la mairie avec d'autres hommes pour faire des tranchées près du pont de Poissy. Canonnade direction Meulan, Les Mureaux et sud de Paris. Gros incendie direction Paris (le soir).
- Vendredi 25 août : Canonnade dans la nuit. Nous entendons les obus siffler et éclater direction Pissefontaine-Triel.
- Samedi 26 août :
    9h - Nous apprenons que Poissy est libéré, les drapeaux français et alliés flottent sur le réservoir de l'usine Ford [aujourd'hui Peugeot]. 
    11h – Des troupes allemandes amenées en camion vers le pont de Poissy tirent vers Poissy.
    15h – Des obus alliés tirés de la direction de Villennes-Médan tombent vers le pont, la Reine-Blanche et la route de Triel. 
    17h – Un obus allemand est tiré dans le réservoir Ford. Les drapeaux penchent mais restent debout. 
    Soirée calme avec quelques tirs d'artillerie.
- Dimanche 27 août : Les troupes allemandes descendent vers la Seine et circulent dans les rues, surtout aux Grésillons. Ils sont très agressifs et hargneux contre les civils; ils en arrêtent 7 dont Jean BOCQUILLON qu'ils gardent toute la journée avec des mitrailleuses dans un jardin. Ils volent plusieurs bicyclettes dans le pays, s'installent dans plusieurs maisons du quartier de Saint-Blaise et font du pillage. Les Américains bombardent avec l'artillerie Saint-Blaise, la route de Triel, les Grésillons. Nous vivons des heures tragiques. Le bruit circule qu'une grande bataille doit se dérouler dans la boucle de la Seine.
Vers 20h, le garde champêtre annonce que tout le pays doit être évacué avant 8h le lendemain. Les habitants restants seront considérés comme F.F.I. et fusillés sur place. Le moral est très mauvais et nous préparons les voitures [à cheval].
- Lundi 28 août :
     0 H – L'artillerie donne très fort direction Meulan pendant que nous préparons les voitures. Selon les ordres, nous passons ainsi la nuit. 
     5h – Départ avec les grands-pères et mères, Simone, Louise et Angèle, à 15 personnes en tout, en direction de Chanteloup car nous avons l'ordre de nous diriger et de passer la route de Rouen à Puiseux. Mais en passant à Boisemont, nous nous informons que l'on peut se réfugier dans les carrières de Menucourt et nous nous installons dans ces carrières et logeons voiture et cheval chez M. HURET cultivateur. Là, nous retrouvons 600 habitants de Carrières, les pères et frères du couvent [de Champfleury] dont un venait d'être tué par les Allemands [le frère Charles André GIVONE].









La mort du frère Charles-André GIVONE
(Article publié en août 2014 sur le site "Carrières-sous-Poissy - HISTOIRE)

Jules GIVONE,
en religion frère Charles-André
Photo Antoine EVRARD


- Mardi 29 août :
    Nous continuons à nous installer dans les carrières de Menucourt, rentrons tout le ravitaillement possible. Le maire organise une soupe populaire.
    10h30 – Interdiction de sortir de la carrière.
    12h – On nous annonce la présence des Américains dans Menucourt.
    13h30 – Nous sortons et nous voici parmi les Américains. Nous sommes tous heureux d'être délivrés et nous pensons au retour mais il faut attendre que l'armée soit un peu avancée vers le nord.
- Mercredi 30 août :
    7H - Nous n'avons pas encore l'autorisation de rentrer chez nous, Courdimanche n'étant pas encore délivré. Nous commençons tout de même à sortir nos affaires et les conduire en voitures chez M. HURET où nous déjeunons. 
    Vers 14h – Départ joyeux vers Carrières. En route, il pleut à torrents mais nous sommes tous contents dans l'espoir de revoir notre pays et nos maisons qui sont restées intactes et nous arrivons avant 17h heureux d'être rentrés parmi nos voisins et les gens du pays. 
    Nous apprenons que les Américains ont construit un pont de bateaux à Poissy, en face de l'usine à gaz.
- Jeudi 31 août : Déballage de la voiture de l'exode.
- Vendredi 1er septembre : 10H – Enterrement des frères TISSIER tués par les Allemands dimanche dernier.




La mort des frères TISSIER
(Article publié en août 2014

sur le site "Carrières-sous-Poissy - HISTOIRE")

Les frères TISSIER
(Photo tirée du livre
"Carrières-sous-Poissy - Rues & chemins"
C.E.H.A. 2008)

 
Les Américains construisent un deuxième pont de bateaux près du pont de Poissy.
Le frère Charles-André, tué à Menucourt lundi dernier est ramené à Champfleury.

- Dimanche 3 septembre : Les Américains ont démonté le 2e pont de bateaux à Poissy.
- Lundi 4 septembre : Les Américains démontent le 1er pont de bateaux.
- Mardi 19 septembre : L'électricité et l'eau, coupées depuis le 25 août, sont revenues aujourd'hui.


Source : agendas personnels d'Antoine EVRARD.

COMMENT S'EST DÉROULÉE LA LIBÉRATION DE CARRIÈRES-SOUS-POISSY ?

Les témoignages sont très rares, puisque la commune avait été totalement évacuée de ses habitants le lundi 28 août au petit jour. Seules quelques personnes âgées sont restées, réfugiées pour la plupart dans les carrières souterraines. C'est le cas de Marie-Louise EVRARD-DEMARQUAY. Un major allemand, médecin militaire, s'inquiète même de leur sort et fait le tour des maisons pour leur distribuer des conserves.

La libération de Poissy se déroule dans la journée du vendredi 25 août. Le samedi 26 août au matin, les soldats allemands ont quitté la ville, et les premiers chars américains arrivent vers 17h par l'avenue de Migneaux. Ils prennent position sur les bords de la Seine, contrôlant ainsi le bac qui a été mis en service depuis la destruction du pont le 26 mai. (Sources : "Poissy - Cent ans d'images" C.E.H.A. 1988)

Pendant ce temps, Carrières est toujours occupé par les Allemands qui tirent sur Poissy. Mais ils comprennent vite que les Américains et les F.F.I. bénéficient de renseignements transmis par des résistants parmi la population. C'est pourquoi ils ordonnent à celle-ci d'évacuer toute la boucle de la Seine, au plus tard le lundi matin à 8h, sous peine d'être fusillée. Les habitants quittent donc leurs maisons et se réfugient dans les carrières de Triel, Chanteloup ou Menucourt. C'est lors de ce départ que furent tués les frères Tissier (le dimanche soir), et c'est à Menucourt que fut tué le frère Charles-André GIVONE (le lundi matin).
Dans la journée du lundi 28 août, les échanges de tirs se poursuivent entre les Allemands qui occupent la plaine de Carrières et les Américains qui se trouvent à Poissy.
Le mardi 29 août, les F.F.I. traversent la Seine et passent ainsi sur la rive nord de la Seine. Leur rapport mentionne : "L'effectif est d'une compagnie sous les ordres du lieutenant Beurotte, composée de 80 hommes avec cinq fusils mitrailleurs, une mitrailleuse, cinq mitraillettes et quarante fusils." La troupe du Captain Whitley passe avec le matériel sur un pont de bateaux, elle doit, avec les F.F.I., neutraliser la région. Carrières-sous-Poissy, Triel-sur-Seine et Andrésy sont libérés, puis Chanteloup-les-Vignes à 21h , les Allemands se repliant dans les bois de l'Hautil.
Le mercredi 30 août, le nettoyage de l'Hautil se poursuit, les communes de Maurecourt et Courdimanche sont libérées. Dans l'après-midi, les Carriérois peuvent enfin rejoindre leurs maisons.


Cérémonie devant le monuments aux morts en août 1944 - Photo Antoine EVRARD
Sources:
- "Poissy - Cent ans d'images - (Olivier Delas, Jean-Bernard Rigaudeau, André Roddier - C.E.H.A. - 1988)
- "Yvelines - Nord - Août 1944 - Derniers combats ( Bruno Renoult, Geneviève Havelange)
- Agendas et photos d'Antoine EVRARD.


Liens :
La libération de Triel.
La libération de Vernouillet.
La libération de Poissy.
La libération de Villennes.
La libération d'Andrésy.
La libération de Saint-Germain-en-Laye.
Film "Les Américains à Mantes" de Stevens.
Film "Yvelines Nord 1944 : Liberté (extrait).
Film "La libération de Versailles".


Liens sur ce site :
- Carrières-sous-Poissy pendant la Seconde Guerre Mondiale.
- La mort des frères TISSIER.
- La mort du frère Charles-André GIVONE.
- Les frères franciscains déportés en Allemagne.
- La fin de la Seconde Guerre Mondiale.
- L'ancien pont sur la Seine, entre Carrières et Poissy.
- Cours et entrées de carrières dans la rue Carnot.
- Les carrières souterraines.
- Le quartier de la Reine-Blanche.

Philippe HONORÉ

© Carrières-sous-Poissy-HISTOIRE - Août 2019 -

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